Jardin Cra-terre, Campus Mil (Université de Montréal)
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Crédits photo : Alexandra Nadeau

Villes, climat et inégalités – La communauté locale au coeur de la transition écologique: l’impact des initiatives climatiques locales et citoyennes à Montréal

Alexandra Nadeau, professionnelle de recherche (Chaire de recherche en action climatique, INRS) et diplômée à la maîtrise en études urbaines (INRS)

Introduction

Face à la nécessité de répondre rapidement à la crise climatique, le rôle des villes pour mettre en place des mesures d’adaptation et d’atténuation efficaces est de plus en plus reconnu (Van Neste et al., 2022). Au cœur des divers programmes et initiatives qui coexistent dans les espaces urbains, un véritable écosystème d’acteurs et d’actrices interagit et fabrique ensemble une transition écologique à une échelle très locale, soit celle du quartier ou de la rue (Aylett, 2015; Bulkeley et Castán Broto, 2012).

Compte tenu de leur rôle de premier plan en ce qui a trait aux défis posés par l’enjeu climatique, des associations locales et des groupes citoyens ont imaginé des collaborations et des solutions concrètes pour s’adapter aux impacts des changements climatiques ou encore pour matérialiser des actions dans un objectif de transition écologique. Cette synthèse explore les rôles et objectifs de ces expérimentations locales d’adaptation à visée environnementale qui sont mises en place par des membres de la société civile en quête de changements tangibles, et ce, en dehors d’une programmation institutionnelle (Cloutier et al., 2018). Plus précisément, elle s’intéresse à la portée de ces initiatives dans la gouvernance urbaine des changements climatiques comme mécanisme de participation innovant et d’action citoyenne. Les conclusions de cette synthèse se basent sur une étude de cas de huit projets menés dans l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie à Montréal.

L’étude résumée ici montre que ces expérimentations citoyennes, qu’elles soient institutionnalisées ou informelles, permettent de 1) réaliser des expériences et proposer des solutions de rechange écologiques dans l’espace urbain, 2) créer des milieux de vie par et pour la population, 3) mobiliser et faire participer les citoyennes et citoyens en s’ancrant à l’échelle locale et en matérialisant des retombées concrètes, immédiates et de proximité et 4) établir des liens et partenariats entre la société civile et les autorités municipales pour gérer et planifier la ville.

État de l’art de la littérature scientifique sur la modalité d’action étudiée

Pour répondre aux défis que pose l’enjeu des changements climatiques, diverses formes de gouvernance peuvent se mettre en place, parmi lesquelles certaines sont dites collaboratives. Celles-ci mettent à profit les ressources des agentes et agents institutionnels au même titre que celles des membres de la société civile et de la communauté scientifique (Armitage et al., 2009; Aylett, 2015; Cloutier et al., 2015).

Étant donné le pouvoir d’action limité des autorités municipales sur la question climatique, cette interaction d’une diversité d’actrices et d’acteurs urbains est souhaitable afin de réellement mettre en marche une transition socioécologique (Burch et al., 2014; Wamsler, 2016). En faisant interagir des personnes qui ne l’auraient peut-être pas fait autrement, de nouveaux réseaux se créent au sein des villes et donnent lieu à des façons inédites de gouverner la question des changements climatiques (Schroeder et al., 2013). Les membres de la société civile ont ainsi l’occasion de prendre part plus activement à des politiques en lien avec l’environnement et à l’adoption de mesures d’atténuation ou d’adaptation face à l’urgence climatique (Ross et al., 2015). La cocréation, la coproduction, la planification collaborative, la gouvernance participative ou encore la cogestion adaptative sont autant de termes renvoyant aux formes que prend cette gouvernance à l’échelle urbaine (Baird et al., 2014; Bremer, 2015). La multiplication de ces modèles invite à considérer les membres de la société civile comme des partenaires légitimes dans la gouvernance des changements climatiques (Castán Broto et al., 2015).

Pour plusieurs raisons, l’État et les administrations locales montrent un intérêt à soutenir les initiatives civiques. En effet, par leurs interventions, les parties prenantes peuvent se renforcer mutuellement, confirmant en quelque sorte tant les thèses de l’écologie politique que celles de la modernisation écologique (Mol, 2003). D’une part, la force combinée de l’État et des initiatives citoyennes facilite l’innovation dans les systèmes urbains, notamment en permettant aux municipalités de mettre de l’avant des politiques plus ambitieuses en matière de changements climatiques (Aylett, 2013). D’autre part, ces partenariats plus horizontaux entre l’État et la société civile permettent aux autorités municipales d’augmenter leurs capacités d’intervention (Cloutier et al., 2018). Cependant, il demeure complexe de mesurer adéquatement le résultat de cette participation civique à la prise de décision, aux interventions, et plus largement à la gouvernance climatique (De Souza, 2006; Scanu, 2015; Wamsler, 2016). En effet, leurs retombées sont difficiles à mesurer : celles-ci sont multiples, diversifiées, peu documentées et constituent souvent des noyaux déclencheurs d’une série d’impacts inattendus mais reliés entre eux, à l’instar de la théorie du rhizome de Deleuze et Guattari (1980). De plus, il semble que le nombre grandissant de dispositifs et de moyens de participation citoyenne puisse constituer une fragmentation et se révéler contreproductif pour l’implication citoyenne (Bherer et Breux, 2012). En outre, il y a un risque que les gouvernements délèguent leurs responsabilités et s’en remettent à la classe citoyenne pour agir (Castán Broto et al., 2015).

Dans la perspective de la gestion de la transition (transition management), les niches – comprises comme des espaces où les pratiques dévient du système existant, le perturbent et, sous certaines conditions, contribuent à le transformer (Gigout et al., 2021) – doivent être gérées de manière stratégique pour qu’une société réussisse sa transition vers le développement durable (Geels, 2005). Les niches les plus solides et performantes sont celles qui se traduisent par des formes d’apprentissages techniques (premier niveau) et par une réflexion critique plus large (second niveau) (Kemp et al., 1998). Ces niches sont jugées en mesure d’activer une transition sociotechnique dans les systèmes et structures de société en place. Suivant cette perspective, certains projets citoyens à objectifs divers (production locale d’énergie, réduction d’émissions de gaz à effet de serre, échange de pratiques, etc.) représentent des niches capables de faire évoluer le système. Cela dit, pour qu’elles aient des retombées, les idées et les actions derrière ces projets doivent favoriser l’expérimentation et en même temps autoriser les périodes d’essais et erreurs. La phase d’expérimentation, qui précède la multiplication des effets de la niche et sa stabilisation par une éventuelle institutionnalisation, est jugée importante dans le processus de transition (Seyfang et Haxeltine, 2012).

Dans ce cadre, les expérimentations peuvent être comprises comme des actions qui permettent l’émergence de niches, soit en amorçant une transformation concrète et visible sur un territoire local, soit en participant à l’évolution de normes sociales établies (Savini et Bertolini, 2019). Conceptuellement, elles s’apparentent ainsi aux niches, mais relèvent davantage du cadre théorique de la gouvernance que de celui de la gestion de la transition. Les expérimentations constituent pour leur part des manières de tester temporairement de nouvelles idées et de nouvelles pratiques sur des espaces urbains sans affecter ceux-ci de façon irrémédiable. Elles remettent en question, par la pratique, les façons de faire institutionnelles et engendrent des apprentissages sociaux et techniques (Bulkeley et al., 2015). Si ces expérimentations présentent un potentiel intéressant, leur capacité d’engendrer de réels changements demeure aussi variable que leur influence, pour instaurer des programmes et des politiques publiques efficaces (McFadgen et Huitema, 2017; Millard-Ball, 2012). Il y a lieu d’interroger le rôle des expérimentations, notamment celles qui sont développées par les mouvements citoyens, comme outils de persuasion auprès des autorités locales et des acteurs institutionnels, surtout dans une perspective de transition sociotechnique.

Cas, méthode et données de la recherche originale

Dans le cadre de cette recherche exploratoire, une étude de cas multiples a été réalisée dans l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie (RPP) à Montréal et plus spécifiquement sur huit initiatives citoyennes de transition écologique. Cet arrondissement a été retenu en raison du dynamisme communautaire et des nombreuses initiatives citoyennes qui y émergent depuis les dernières années (Cournoyer-Gendron, 2014). Prenant appui sur une recherche documentaire et six entretiens semi-dirigés auprès de sujets clés (leaders des initiatives, élues et élus locaux, etc.), les initiatives citoyennes sont analysées en les considérant comme, d’une part, des expérimentations dans la gouvernance climatique (Bulkeley et al., 2015; Hoffmann, 2011), et d’autre part, des espaces d’innovation dans une perspective de transitions sociotechniques (Geels et Schot, 2007; Loorbach, 2007).

Afin de sélectionner des initiatives pertinentes, cette recherche s’est inspirée du cadre des expérimentations de Bulkeley, Castán Broto et Edwards (2015). Les critères établis pour choisir les initiatives citoyennes ciblées sont les suivants : 1) qu’elles soient indépendantes, donc entreprises par des citoyennes et citoyens, sans affiliation à une organisation ou à un parti politique; 2) que leur action cherche à adapter le milieu aux impacts des changements climatiques ou contribuer à la transition écologique locale; 3) qu’elles se matérialisent concrètement dans l’espace urbain; 4) qu’elles cherchent à susciter un certain engouement ou une implication d’autres citoyens et citoyennes; 5) qu’elles prennent place dans l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie ou à ses abords.

 Le processus de sélection des initiatives se base ainsi sur des critères précis et leur recrutement est de l’ordre de l’échantillonnage par réseau ou boule-de-neige. Les huit initiatives retenues se distinguent par la nature des interventions, par leur durée de vie, par le rapport entretenu avec les institutions ou les autres parties prenantes publiques, communautaires et privées et par leur ambition. Puisque ces initiatives sortent d’un cadre institutionnel et que certaines n’ont pas de caractère officiel et agissent même de manière informelle, elles peuvent être plus complexes à repérer. Elles ont donc été sélectionnées à la suite de mises en relation grâce au réseau de contacts personnels de la chercheuse. Des initiatives ont également été choisies grâce à leur apparition dans des médias locaux ou sur les réseaux sociaux. Il est à noter que depuis la collecte de données réalisée en 2017, certaines initiatives se sont formalisées, diversifiées et complexifiées d’un point de vue organisationnel et ont débouché sur des projets multiples, comme Solon (Audet et al., 2019), alors que d’autres se sont terminées, comme le parc Ken Saro-Wiwa. Les huit cas retenus à l’époque concordaient avec les critères de sélection de la recherche.

En ce qui concerne le traitement des données recueillies, chacune des initiatives sélectionnées a été analysée et comparée en se basant sur une vingtaine d’indicateurs émergeant à la fois des entretiens menés et des notions des cadres théoriques retenus pour la recherche, puis regroupés en quatre grandes sections d’analyse : profil des initiatives, impacts tangibles en lien avec la question climatique, dynamique avec les autres citoyens et citoyennes, dynamique avec les institutions. Ces indicateurs constituent des éléments descriptifs ayant permis de faire émerger le sens des informations, de concevoir des catégories et de thématiser les résultats pour rédiger des éléments de discussion et d’analyse en lien avec les concepts clés de cette recherche. Toutefois, aucun indicateur concernant les inégalités ne faisait partie de cette grille d’analyse, ce qui serait une notion à intégrer à de futures recherches.

Résultats

Les initiatives citoyennes étudiées ont comme caractéristique commune un ancrage à une échelle très localisée, soit celle du quartier. Comme les expérimentations étudiées ailleurs, les démarches montréalaises font appel à un sentiment d’appartenance local (Middlemiss et Parrish, 2010; Rogers et al., 2012). Les actions citoyennes mobilisées répondent aux besoins du milieu dans lequel elles s’insèrent et leur visibilité dans l’espace de proximité contribue à leur succès. À l’instar des initiatives d’urbanisme tactique ou DIY (Lydon, 2012), leurs retombées sont concrètes et immédiates et ces caractéristiques sont recherchées par les responsables des projets. Les citadines et citadins perçoivent le changement qu’ils mettent en place, tout en bénéficiant souvent directement des retombées de leurs actions, ce qui favorise une mobilisation efficace.

L’intention explicite des expérimentations est de renforcer le caractère agréable du milieu de vie, par le biais d’interventions de verdissement, mais aussi par l’animation de l’espace et la création d’une communauté d’intérêts similaires. Malgré leur motivation à lancer des initiatives écologiques environnementales, les responsables des expérimentations considèrent que leurs actions sont plus significatives si elles parviennent à mobiliser la communauté. La volonté de mettre sur pied un projet écologique constitue ainsi un levier pour susciter une mobilisation sociale plutôt qu’une fin en soi.

La moitié des répondants et répondantes ont exprimé l’intention de réaliser une action de nature éphémère. Pour d’autres, l’intention est que l’initiative s’inscrive dans la durée et puisse offrir des paramètres pouvant être reproduits ailleurs. L’idée est d’avoir prise, au moins minimalement, sur l’enjeu énorme des changements climatiques ou de la transition écologique. La capacité à se répéter et se multiplier est un critère pour participer à une réelle transition durable des systèmes en place (Grin et al., 2010). En répétant les initiatives, une certaine culture d’expérimentation peut ainsi se forger, car le potentiel de diminuer les freins du régime face aux changements est élevé (Kivimaa et al., 2015).

 Comme ailleurs, les initiatives ayant émergé dans RPP visent d’une certaine façon à remettre en question l’urbanisme institutionnel, la domination de la propriété dans la ville ainsi que la capacité à mettre en place rapidement des projets innovants (Certoma et Tornaghi, 2015). Ainsi, les groupes citoyens procèdent à des interventions dans l’espace urbain pour matérialiser et manifester leur existence, pour affirmer la place de la société civile dans la ville et pour participer à la création de la ville (Follmaan et Viehoff, 2014). Les initiatives citoyennes analysées jouent un rôle de démonstration de solutions autres que l’urbanisme traditionnel et reflètent en quelque sorte les changements souhaités en matière de planification urbaine par les porteurs et porteuses de ces initiatives.

Les projets de verdissement, d’agriculture urbaine et de déminéralisation sont associés à une stratégie visant une forme de cobénéfices pour les parties prenantes (Lydon, 2012). Pour les citoyens et citoyennes, ces initiatives génèrent des bénéfices immédiats et concrets dans leurs milieux de vie, tout en développant les racines d’une transition de plus grande ampleur vers des villes post-carbone. Pour l’administration locale, c’est l’image dynamique d’ouverture et d’innovation qui est renforcée. En effet, le marketing territorial de RPP est renforcé sans que des efforts importants aient à être déployés par les élus et élues ou par leur équipe. Les initiatives citoyennes de verdissement et d’agriculture urbaine représentent ainsi un potentiel, une niche pour reprendre les termes de la gestion de la transition, pour imaginer, développer et aménager la ville autrement (Certoma et Tornaghi, 2015).

À l’étape de la mise en place, les initiatives ressemblent souvent davantage à des actions isolées qu’à des projets cohérents. Le type et la nature des interventions menées sont pour leur part souvent réfléchis et planifiés. Toutefois, les premières actions posées sont plutôt spontanées et fragmentées. Elles suivent l’élan d’un ou de quelques individus. Puis, si l’élan persiste, la réflexion se déploie et invite à faire une coordination des actions. Cette coordination s’effectue à deux échelles. Dans un premier temps, il y a mise en commun des ressources et des idées des citoyennes et des citoyens entre eux, lors de la première saison ou année d’existence de l’initiative. Dans un second temps, lorsque l’initiative se poursuit et s’étend sur plus d’une saison ou d’une année, on observe une coordination des responsables des expérimentations avec d’autres personnes impliquées, membres de la société civile, mais aussi des propriétaires de commerces et des représentantes et représentants de l’administration municipale (Aylett, 2013).

Si les initiatives citoyennes se rapprochent des institutions, elles ne tissent pas les mêmes liens ou partenariats avec celles-ci. La nature du partenariat dépend notamment du type d’espace que ces initiatives occupent et de la vision des responsables de projet comme de l’administration municipale. Plusieurs scénarios peuvent ensuite s’établir. Par exemple, dans les cas à l’étude, des partenariats financiers, des relations de cohabitation d’espace ou des ententes de cogestion d’espace et de ressources ont été constitués. Ces relations multiformes et multipartites offrent aux citoyens et citoyennes la possibilité d’entrer dans des dynamiques de gouvernance diverses dans le but de réaliser leurs initiatives et de les maintenir dans le paysage urbain.

Deux visions s’affrontent sur le rapport à entretenir avec l’institution publique et son cadre. Certains répondants et répondantes considèrent que la société civile a la légitimité d’intervenir dans l’espace urbain sans obtenir l’accord préalable de l’administration locale. À leur avis, l’usage de l’espace et la connaissance du milieu constituent des sources de légitimité suffisantes. Leur but n’est pas de s’assurer que leurs interventions sont conformes aux règles ou aux orientations de l’arrondissement. Pour d’autres répondantes et répondants, une occupation informelle est illégale et illégitime. Leur souhait n’est pas de s’imposer dans le paysage urbain, mais plutôt de le transformer en respectant les règles et en faisant évoluer ces règles. À leur sens, la collaboration entre acteurs locaux est nécessaire pour réellement répondre aux besoins de la collectivité.

Les entretiens révèlent que les espaces investis représentent une communauté de citoyens et de citoyennes ayant comme intérêt partagé de souhaiter une ville alternative et écologique. Toutefois, le développement de ce type de communauté favorise également la création d’un certain entre-soi. En effet, bien qu’elles se veuillent inclusives, ces communautés sont parfois source d’exclusion, que cela soit fait de manière volontaire ou non. Une incohérence se dégage de la volonté de créer des initiatives pour tous et par tous, alors qu’il est souhaité que ces espaces mobilisent et incluent tous les citoyens et citoyennes, tant et aussi longtemps toutefois qu’ils partagent certains traits avec le groupe déjà établi. Ceci rappelle des défis rencontrés dans l’approche collaborative de planification urbaine, comme le soulignent Bacqué et Gauthier (2011). En effet, malgré la volonté de participation globale, les citoyennes et citoyens collaborant aux projets urbains sont relativement homogènes dans leur profil, en ce qui concerne le genre, l’âge, le profil socioéconomique et le niveau de scolarité, reflétant en quelque sorte assez bien la démographie de l’arrondissement étudié. De plus, les initiatives de verdissement peuvent susciter des craintes et des impacts en termes d’écogentrification dans des secteurs plus défavorisés (Anguelvoski, 2022). Ceci dit, lors de la recherche, aucune question n’a été posée aux sujets concernant les facteurs d’équité, d’inclusion et de diversité au sein de leurs expérimentations. Il n’est donc pas possible de dégager une conclusion à cet égard.

Conclusion

En mettant en place des initiatives concrètes, les citoyens et citoyennes à l’échelle locale apparaissent désormais comme des acteurs à part entière de la gouvernance urbaine des changements climatiques. Comprises comme des expérimentations urbaines ou comme des niches d’innovation, ces initiatives exercent un pouvoir d’influence et de mobilisation auprès de plusieurs acteurs (Bulkeley et al., 2015; Smith, 2012).

D’abord, les responsables des initiatives citoyennes établissent leur pertinence en tant qu’acteurs capables de mettre en place des solutions inédites. Alors que certaines initiatives préconisent l’action directe pour espérer un changement dans les modes opératoires de la ville, d’autres misent davantage sur une collaboration consensuelle avec les institutions pour réaliser une transformation des façons de faire, axée sur le long terme. Ensuite, ces initiatives génèrent des retombées immédiates, concrètes et bénéfiques aux communautés impliquées directement ou non dans leurs processus. Ceci encourage la mobilisation citoyenne sur un enjeu aussi insaisissable et complexe que celui du réchauffement climatique.

Finalement, ces initiatives permettent de rendre visibles des solutions innovantes et d’agir comme déclencheurs pour matérialiser d’autres manières de faire dans l’espace urbain. Elles invitent ainsi à concevoir une nouvelle façon d’exercer un pouvoir citoyen par l’action collective tangible. Ceci dit, sur le plan des inégalités, davantage de recherches pourraient être menées afin, entre autres, d’analyser comment ces initiatives peuvent reproduire sans le vouloir des logiques de pouvoir plus ou moins équitables, ou créer des dynamiques d’entre-soi plutôt exclusives à un certain profil citoyen. Elles peuvent également mettre une pression importante sur des bénévoles pour la réalisation de projets qui auraient été pris en charge autrement par les autorités locales.

En conclusion, les expérimentations à visée environnementale représentent une forme d’action dans un mouvement citoyen environnemental plus large, où s’ancrent des principes tels que la collaboration, la durabilité, la décentralisation et l’autogestion. Dans une optique de diversité des tactiques, ces actions citoyennes s’avèrent ainsi être des initiatives pertinentes qui engagent concrètement les individus et augmentent les probabilités de réussir une transition socioécologique nécessaire face à la crise climatique actuelle.

Pour citer cet article

Nadeau, A. (2022). La communauté locale au coeur de la transition écologique: l’impact des initiatives climatiques locales et citoyennes à Montréal. Dans Répertoire de recherche Villes, climat et inégalités. VRM – Villes Régions Monde. https://www.vrm.ca/la-communaute-locale-au-coeur-de-la-transition-ecologique-limpact-des-initiatives-climatiques-locales-et-citoyennes-a-montreal