Balado Cadre bâti (Épisode 37)
Le patrimoine est une conversation avec Claudine Déom
Mars 2024
Ce podcast est un espace de réflexion et d’approfondissement sur différents sujets liés à la ville et aux phénomènes urbains. Sans se limiter à la culture matérielle, le titre – Cadre bâti – est une invitation à recadrer la réflexion sur l’urbain à toutes les échelles
Écouter l’épisode complet (86min48sec)
Présentation
Dans cet épisode aux accents ASMR*, Guillaume et Maude échangent avec Claudine Déom, professeure à l’École d’architecture de l’Université de Montréal et spécialiste du patrimoine bâti. Ayant grandi à Sault-au-Récollet, dans le nord de Montréal, Claudine a été en contact avec la pierre grise dès son enfance. C’est ensuite par l’étude de la géographie au collégial, puis de l’urbanisme au baccalauréat et de l’histoire de l’art aux cycles supérieurs qu’elle forge son intérêt pour les questions liées à la conservation des environnements bâtis.
Pour la professeure, il existe à ce jour certaines préconceptions persistantes à déconstruire à propos du patrimoine, comme l’idée que sa préservation constitue un frein à la créativité pour les architectes, ou que conserver veut dire “ne pas toucher”. Cet épisode est une invitation à aller au-delà d’une vision dichotomique du patrimoine qui opposerait ce qui relève du passé et ce qui est contemporain.
Son point de vue mélange urbanisme, histoire de l’art et architecture, avec comme objectif la compréhension du lieu, du site ou du bâtiment : pourquoi est-il là ? Pourquoi a-t-il cette apparence ? Dans son enseignement, c’est d’abord le potentiel “inclassable” de l’existant que Claudine souhaite transmettre aux architectes en devenir.
Le rapport entre la ville qui sort de terre et celle qui est déjà là est souvent perçu comme antagoniste, et mériterait un recadrage vers ce qu’il peut avoir de collaboratif. Le patrimoine bâti n’est pas une série d’objets sous verre au sein d’une collection urbaine, ce sont des lieux particuliers avec leurs usages, leurs affects. Ils évoluent à travers le temps et peuvent propulser la transformation urbaine. Au-delà des critères esthétiques ou de classifications patrimoniales, les lieux que l’on côtoie quotidiennement nous marquent, nous touchent et s’attachent à nous.
Qui plus est, le patrimoine bâti nous expose à des représentations du monde qui, forcément, ont évolué. Ici, le patrimoine devient une conversation sur la culture, l’intégration, l’inclusion. Que faire des pensionnats autochtones et des statues de personnages historiques déchus? Une conversation complexe sur notre rapport au passé, sur l’histoire et le pouvoir, et sur nos différents regards sur le monde se dessine autour de ces objets inconvénients pour quiconque souhaiterait vivre dans un monde lisse, sans aspérités, ce que ne désire évidemment pas notre invitée.
* Autonomous Sensory Meridian Response, ou la sensation de relaxation provoquée par des bruits doux, comme des voix délicates…