Par Cyril Martin-Colonna, étudiant au doctorat en études urbaines à l’UQAM.
Introduction
Depuis la première moitié du 20e siècle et l’avènement des congés payés obligatoires, majoritairement en Europe, les questions liées à l’accessibilité universelle des loisirs touristiques restent une préoccupation majeure. Si le concept de loisir a pris racine dans les grandes villes européennes, il se retrouve aujourd’hui dans de nombreux pays et régions du monde, Québec inclus, et prend forme à travers de nombreux programmes, mesures d’aide, réalisations et actions visant à rendre effective la notion d’accessibilité touristique et des loisirs et ainsi lutter contre toutes les formes d’exclusion (Jolin et Proulx, 2005). Parmi les populations les plus ciblées par cette quête d’accessibilité des loisirs au Québec et dans une large part du monde se trouvent les personnes qui sont dans une situation de handicap, physique ou mental. Selon les données de l’Enquête canadienne sur l’incapacité, une personne sur cinq au Canada présentait une limitation de ses activités, dont 13 % sont des jeunes de 15 à 24 ans (Statistique Canada, 2018). Au Québec, 16,1 % de la population de 15 ans ou plus a une incapacité légère ou sévère, physique ou mentale (OPHQ, 2017).
Cette capsule thématique a pour objectif de présenter les premiers résultats du projet de recherche Tourisme pour tous, lancé en 2019 par le professeur Mohamed Réda Khomsi de l’Université du Québec à Montréal et son groupe de recherche. Les premières observations et résultats mis en avant dans cette capsule dressent un état des lieux de ce qui ressort dans l’usage des loisirs en ville, par les personnes en situation de handicap, et le rôle nouveau des technologies émergentes. On constate au bout du compte que le processus en place au Québec s’avère long et complexe vers l’universalité des loisirs en ville et en général.
Les espaces de loisir en ville face à l’accessibilité aux personnes en situation de handicap
Le projet Tourisme pour tous a pour double objectif de modéliser l’usage des technologies de l’information chez les familles ayant un enfant en situation de handicap dans un contexte de planification des activités récréotouristiques et par la suite d’évaluer le potentiel de l’intelligence artificielle à améliorer l’accessibilité des activités récréotouristiques pour l’ensemble des membres de la famille d’un enfant en situation de handicap. Lorsque c’est l’enfant qui se trouve dans cette situation de handicap, les recherches dénotent un changement important dans la dynamique familiale, dans les conditions matérielles (Squillaci Lanners et Lanners, 2008) et même dans les processus de parentalité (Korff-Sausse, 2007). Plusieurs chercheuses et chercheurs se sont intéressé.es à la problématique de la participation, ou non, des enfants en situation de handicap et de leur famille à des activités de loisir ou récréotouristiques, notamment pour les bienfaits démontrés d’exercer des activités de loisir sur ces personnes et l’impact positif que peut avoir ce type d’activités sur l’acquisition de nouvelles habiletés motrices, l’amélioration de leur estime de soi et leur sentiment de bien-être (Shikako-Thomas et al., 2018), l’amélioration de l’inclusion dans la société et le bien-être général (Murphy et al., 2008).
Cependant, et malgré ces avantages certains, plusieurs recherches constatent que dans les familles ayant un enfant présentant un handicap, le temps de loisir est souvent sacrifié pour aménager les autres activités de la vie (Law et al., 2003). Les explications quant à cette situation dissonante se trouvent dans la difficulté d’organiser les loisirs en famille, dans la mesure où il faut concilier les centres d’intérêt de la fratrie avec ceux de l’enfant en situation de handicap (Squillaci Lanners et Lanners, 2008).
Ce constat n’est pas une surprise. En effet, parmi le grand public, concilier activités de loisir et handicap apparaissent comme deux notions opposées et pratiquement irréconciliables. Dans les représentations les plus communes, être dans une situation de handicap n’est pas compatible avec la pratique d’activités touristiques et de loisir (Reichhart, 2013). Law et ses collègues (2003) mettent en avant trois facteurs qui expliquent le manque de participation à des activités de loisir ou récréotouristiques : 1) environnementaux (p. ex., absence de barrières physiques pour l’exercice d’une activité); 2) familiaux (p. ex., ressources financières familiales limitées; préférence des familles pour les activités de loisir); 3) personnels propres à l’enfant (p. ex., capacités physiques et cognitives de l’enfant et ses préférences). Par de telles représentations encore ancrées dans l’imaginaire collectif, il se conforte une idée encore répandue qu’une personne en situation de handicap ne peut et ne souhaite pas profiter d’activités de loisir.
Les villes et les métropoles ont été comme bien souvent à l’avant-garde de projets et de réglementations pour favoriser l’accueil et le bien-vivre des populations de toute nature. Pour toutes personnes en situation de handicap, vivre ou se déplacer en ville peut s’apparenter à une course à obstacles, au quotidien. Depuis plus de 20 ans, les municipalités québécoises ont mis en place un guide de l’accessibilité universelle pour rendre le cadre bâti accessible au gré des plans d’action. Pour une métropole comme Montréal, l’accessibilité universelle est une condition déterminante de la participation à la vie économique, sociale et communautaire et, de ce fait, de la santé et du bien-être de toute sa population (INSPQ, 2021). Le Service de l’urbanisme et de la mobilité de la Ville de Montréal et son Comité consultatif en accessibilité universelle ont adapté les principes du design universel à l’environnement piétonnier pour le rendre inclusif et sécuritaire (INSPQ, 2021).
Lors de nos recherches en extérieur, dans la métropole montréalaise, nous avons pu nous rendre compte que la majorité des parcs et espaces de loisir étaient physiquement accessibles. Néanmoins, un parc en particulier, le parc Francis-Xavier-Fontaine à Sainte-Catherine, conçu spécifiquement pour favoriser le développement physique, cognitif, sensoriel et social de tous les enfants, peu importe le type de handicap reconnu, remplit les conditions nécessaires pour leur faire connaître une expérience complète de loisir en ville. Cependant, ces projets et progrès constatés restent encore insuffisants pour considérer une véritable accessibilité universelle à l’échelle de la ville. Ne serait-ce pour preuve que le faible nombre d’ascenseurs dans les stations de métro montréalais : en 2020, 76 % des stations de métro, soit 52 stations sur 68 (STM 2021), ne disposent pas d’ascenseur à au moins une de leurs entrées (Okeenea, 2021). Cette recherche a permis de mettre en lumière que les difficultés pour les espaces urbains de développer des lieux récréotouristiques et de loisir, accessibles à toutes personnes ayant un handicap, difficultés ne se limitent pas seulement à Montréal et au Québec.
Les nouvelles technologies, une aide concrète, mais encore limitée
Le développement des technologies de l’information et de la communication (TIC) a entraîné des changements profonds et une redéfinition importante des habitudes de consommation et de marché dans l’activité touristique (Mariani et al., 2014). Le monde du tourisme est entré de plain-pied dans cette nouvelle révolution numérique et technologique. L’importance du numérique et des nouvelles technologies dans le secteur touristique s’est affirmée depuis l’aube des années 2000, non seulement dans la construction, la promotion et la diffusion de l’offre touristique, avec des entreprises mondialement connues comme Booking ou Airbnb, mais aussi dans la narration et la mise en discussion des expériences touristiques vécues (Pagès, 2014).
Pour ce projet de recherche, nous avons interrogé une dizaine de familles ayant un ou plusieurs enfants en situation de handicap, afin de connaître le modèle type de l’usage des nouvelles technologies dans la planification du voyage, des informations recherchées et des facilités et difficultés rencontrées quand une des personnes qui voyagent est en situation de handicap. Lors d’une simulation de création de voyage à Paris se faisant en trois étapes (choix de la compagnie aérienne, choix de la résidence et choix des activités), au moyen de sites spécialisés comme Expedia ou Booking, nous avons analysé les choix et les réflexions de chaque personne participante.
Parmi les premiers résultats, on constate que les familles recherchent des activités familiales qui vont être centrées sur l’enfant en situation de handicap. Les informations disponibles sur Internet et les sites spécialisés, à titre individuel, sont inégales. Les transporteurs aériens (p. ex., Air Canada, Air France et Air Transat) affichent des informations et des actions concrètes à destination des populations ayant un handicap, physique notamment. Concernant les résidences et les activités de loisir, qui se situaient à Paris en France, on voit une double problématique se dessiner. Les sites Internet, tout comme les sites physiques, sont là encore inégaux quant à l’accessibilité de l’information disponible, tout comme de l’accessibilité universelle une fois sur place.
En France depuis 2005, et au Québec depuis 2011, les sites Internet ont l’obligation d’être accessibles aux personnes en situation de handicap, au même titre que les lieux culturels, touristiques et de loisir sont tenus d’indiquer s’ils sont accessibles ou non. Grâce aux différentes simulations, nous avons pu voir que les sites Internet spécialisés n’offraient pas un accès facile à des informations spécifiques concernant le handicap. Des espaces de loisir peuvent être indiqués comme conformes pour les personnes ayant une déficience physique, mais l’information au sujet d’une déficience visuelle ou mentale était absente. L’absence de spécifications sur le type de handicap est une redondance dans les entretiens réalisés, qui mettent en lumière les défis auxquels doivent encore se plier les différents acteurs impliqués dans l’accessibilité, mais plus globalement la société.
Un chemin encore long vers l’universalité des loisirs
À la lumière de ces premiers résultats, plusieurs éléments de réponse peuvent d’ores et déjà être présentés. Comme souligné un peu plus haut et en filigrane de cette capsule, les nouvelles technologies constituent indéniablement un moyen facilitateur pour les personnes ayant un handicap de pouvoir simplifier leur accès aux destinations touristiques plus globalement, mais aussi aux espaces de loisir et récréotouristiques. Dans un contexte urbain, les villes font en sorte de développer des projets urbanistiques fondés sur l’inclusion et l’accessibilité. Néanmoins, on a pu voir au fil de cette recherche la complexité pour les différentes parties prenantes (personnes en situation de handicap, personnes accompagnatrices, responsables de la planification urbaine, etc.), par le prisme du tourisme, d’être à la même échelle que les personnes sans handicap.
Le concept d’accessibilité est en pleine mutation, il connaît de fortes modifications au sein du public auquel il se destine et au niveau de l’environnement aménagé (Reichhart, 2013). Traditionnellement, l’accessibilité fait référence à une population ayant des déficiences motrices, impliquant des modifications architecturales importantes au sein des villes (rampes, ascenseurs…) liées au transport, à la voirie et au cadre bâti (Larrouy, 2011). Cependant, même si le concept d’accessibilité s’élargit aux quatre déficiences reconnues (motrice, intellectuelle, visuelle et auditive), on peut constater que cette réalité reste encore peu intégrée et instaurée dans la société, particulièrement dans les loisirs. Dans son rapport de 2021, l’Institut national de santé publique du Québec souligne, par une seule recommandation, à la fois le déficit d’installations universelles pour les lieux de loisir et l’absence de spécifications quant aux formes de moyens et d’accès, pour les différentes formes de handicaps. L’INSPQ recommande à la Ville de Montréal une politique culturelle et des loisirs qui vise à « améliorer l’accessibilité universelle aux activités culturelles et sportives, aux bâtiments communautaires (p. ex., bibliothèque), aux infrastructures sportives et durant les évènements » (INSPQ, 2021 : 8).
Les outils numériques et autres sites Internet sont à l’image de la société, dans une co-construction vers une plus grande égalité d’accès à l’information et, par cette information, vers des espaces désignés. Cependant, pour plusieurs acteurs et prestataires de la ville, de la culture, du tourisme et des loisirs, les investissements financiers demandés sont très élevés et peuvent constituer un frein à l’investissement, dans une frange de la population qui peut paraître minoritaire. Cette frilosité se ressent dans les investissements de la part des acteurs touristiques dans le développement de formules 100 % tourisme adaptable ou handicap, y voyant une clientèle de niche trop en retrait pour faire les investissements nécessaires selon la loi-cadre de 2004 assurant l’exercice des droits des personnes handicapées en vue de leur intégration scolaire, professionnelle et sociale (LégisQuébec, 2004). Or cette appréciation d’une clientèle de niche va à l’encontre des chiffres émis dans les derniers rapports de l’Office des personnes handicapées du Québec. D’après le dernier rapport de Statistique Canada paru en 2016, 85,2 % des personnes en situation de handicap pratiquaient des loisirs, contre 94,1 % de la population n’ayant pas d’incapacités (OPHQ, 2016). Concernant l’usage d’Internet au quotidien, un rapport de mars 2022 souligne qu’au total, 79,5 % de la population ayant une incapacité utilise chaque jour Internet (OPHQ, 2022 : 8). En conséquence de ces manquements et difficultés à obtenir des informations sur des lieux de loisir adaptés, les familles de proches en situation de handicap se reposent sur des associations et des groupes de soutien comme des accompagnateurs et accompagnatrices pour obtenir l’information manquante, nourrie par les expériences des membres. Cette entraide et l’existence de ces associations, qui devraient être des solutions d’appoint, deviennent dès lors centrales pour pallier les déficits encore trop nombreux entre numérisation, planification et accessibilité effective.
Conclusion
On peut observer à Montréal et dans d’autres municipalités la mise en place de politiques de plus en plus actives promouvant le tourisme et des loisirs accessibles, englobées par des politiques d’accessibilité dans les transports et le cadre bâti (Reichhart et al., 2013). Ces politiques, amplifiées cette dernière décennie par les outils numériques, visent à soutenir ce processus de mise en accessibilité des activités touristiques, culturelles et de loisir, pour accueillir de plus en plus de touristes à besoins spécifiques. L’apparition de nouveaux acteurs engagés en faveur du tourisme à destination des personnes handicapées, comme The Society for Accessible Travel & Hospitality (SATH) aux États-Unis ou Kéroul au Québec, démontre une volonté grandissante d’inclure largement les populations ayant un handicap. Si la technologie joue un rôle facilitateur non négligeable dans un souci de simplification et d’accessibilité, le chemin reste encore long avant d’atteindre le but voulu. L’importance de cette recherche, par son existence et le prisme de la fratrie, des loisirs et des nouvelles technologies, montre bien comment le handicap reste un tabou, si ce n’est une complexité dans la société, réclamant un investissement politique et institutionnel fort et une pédagogie volontaire, pour offrir à ces populations la qualité de vie et la décence nécessaires.
Bibliographie
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