Compte rendu d’une journée d’étude et de réflexion
29 avril 2016, Université Laval, Québec
Auteure : Roxanne DUBÉ, étudiante à la maîtrise en Architecture
Le 29 avril dernier avait lieu la journée d’étude et de réflexion « 50 ans de participation citoyenne en aménagement du territoire au Québec ». Présentant près d’une quinzaine de chercheurs et de citoyens impliqués, cette journée dressait un portrait de la participation citoyenne au Québec tout en tentant d’en comprendre les enjeux en lien avec l’aménagement du territoire. Le tout débutait sur des notes historiques relatant deux exemples importants de la participation citoyenne au Québec soit le « Bureau d’aménagement de l’est du Québec (BAEQ) » dans les années 1960 et la « bataille de la Jacques-Cartier » en 1970. Bruno Jean, professeur en développement régional, a présenté les conclusions de son livre sur le BAEQ, permettant à l’auditoire de se réconcilier avec les processus participatifs du projet perçu de manière négative depuis des années. Par la suite, Dominique Morin, professeur en sociologie, a poursuivi sur le projet en présentant les résultats d’une analyse d’archives, plus précisément sur l’implication de Gérald Fortin, un acteur important autant sur le plan de l’exécution que des critiques post-BAEQ.
Par la suite, Mathilde Crépin-Bournival, étudiante en géographie, a présenté les processus de participation citoyenne qui ont eu lieu lors de la bataille de la Jacques-Cartier et qui sont à l’origine de la création du parc de la Jacques-Cartier, lieu touristique important de la région de Québec. Cette présentation a ensuite été complétée par les témoignages de deux citoyens ayant pris part à cette bataille dans les années 70, Marc Lépine et Agathe Darveau. Les deux résidents du secteur ont relaté la participation active des citoyens de l’époque, mais également le caractère fondateur de cet évènement qui a jeté les bases d’une implication citoyenne qui se poursuit encore aujourd’hui. Ensuite, Michel Venne, invité spécial et fondateur de l’Institut du Nouveau Monde (INM) a présenté la participation citoyenne comme élément nécessaire dans la prise de décisions en aménagement du territoire. Il a cependant évoqué les lacunes actuelles et certains traumatismes passés amenant à ce qu’il qualifie de stagnation de la participation citoyenne et une crise de la confiance envers les décideurs. Néanmoins, il a terminé en portant un regard optimiste sur les bonnes pratiques actuelles et sur la possibilité d’améliorer les choses.
La journée s’est terminée par deux tables rondes visant à mieux comprendre la contribution citoyenne et les enjeux d’aménagement du territoire. La première table-ronde portait sur la contribution citoyenne en aménagement du territoire et plus précisément sur la conservation du patrimoine. Regroupant deux citoyens impliqués dans leur quartier historique, un chercheur sur le patrimoine et la présidente d’héritage Québec, les discussions ont confirmé l’implication et même, le rôle de premier plan des citoyens dans l’attribution du caractère patrimonial d’un lieu. Les participants ont fait ressortir l’importance des citoyens dans la préservation du patrimoine et ils ont même suggéré que la valeur patrimoniale relève de l’attachement des citoyens combiné à leur désir de le conserver. Sans l’attachement au lieu et la manifestation de celui-ci pour le préserver, la notion de patrimoine n’existerait pas. La deuxième table ronde, quant à elle, a permis de cerner les enjeux de la participation citoyenne et les moyens les plus efficaces pour les citoyens de se faire entendre. Cette table regroupait deux citoyens impliqués dans leur conseil et comité de quartier, un chercheur en géographie de l’Université Laval et finalement, le cofondateur de votepour.ca, jeune entreprise en participation. La communication avec les décideurs et les moyens d’informer les citoyens ont été au cœur des discussions. Certains remettaient en question les structures politiques et leurs impacts sur la réceptivité des opinions citoyennes alors que d’autres mentionnaient que la technologie serait une clé pour améliorer l’institution politique.
La journée a mis de l’avant l’importance de l’implication citoyenne, mais également le besoin de la valoriser davantage. Le dernier commentaire de la rencontre proposait l’élaboration d’une plateforme divulguant les connaissances et la localisation des processus participatifs afin de favoriser la participation citoyenne. L’usage des technologies, qui a été mentionné quelques fois dans les discussions, serait un moyen efficace d’informer des diverses méthodes pour donner son opinion que ce soit via un conseil de quartier ou un questionnaire en ligne. La journée a ainsi permis de conclure que la pertinence de la participation citoyenne est indéniable en aménagement du territoire, qu’elle présente quelques lacunes, mais que les solutions pour l’améliorer existent.
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