Conférence midi

La fabrique urbaine au défi de la scalabilité des dispositifs de gestion des risques à Istanbul

Youenn Gourain, doctorant à l’Université Gustave Eiffel (Laboratoire Techniques Territoires et Société – LATTS) et chercheur associé à l’Institut français d’études anatoliennes (IFEA)

Mercredi 5 juillet 2023
12h30 à 13h30
INRS (385, rue Sherbrooke Est, Montréal). Local 3114

Gratuit et ouvert à toutes et à tous. En présence seulement. SVP confirmez votre présence à Salomé Vallette

Présentation

Les catastrophes sismiques en Turquie, dont la plus récente datant du 6 février 2023 dans le sud-est du pays, ont pour effet de recentrer la focale à Istanbul, mégapole de 16 millions d’habitants située à proximité de la faille nord-anatolienne. Si la catastrophe sismique constitue un horizon pour la métropole, elle ne peut totalement expliquer les relations complexes qu’entretiennent l’espace urbain et les risques -situation potentielle en amont. Les dispositifs de gestion des risques et de la fabrique de la ville sont issus de cette dynamique conjointe, mais posent la question de leur adaptabilité à des situations d’incertitude et d’évolution urbaine rapide.

Cette communication s’appuie sur le dialogue entre les risques sur le territoire métropolitain d’Istanbul pour comprendre comment sont générés et reconfigurés les dispositifs de leur prise en charge. Elle tire un fil à partir de la gestion du risque sismique tout en prenant en compte d’autres risques traditionnellement analysés et intégrés en silo dans les dispositifs techniques. Dans une triple perspective faisant dialoguer la géographie, les urban studies et la sociologie des sciences et des techniques, plusieurs dispositifs techniques (le plan, la loi, le parc séisme) sont questionnés sur leur capacité à être mis en place simultanément à différentes échelles sans changer d’organisation ; ceci, à partir de la notion de « scalabilité » théorisée par Anna Tsing (Anna Tsing, 2012, 2020). L’analyse s’appuie sur un terrain de plus de deux ans en Turquie mené dans le cas d’une thèse de doctorat et pendant lequel plus de 90 entretiens ont été effectués avec des acteurs variés (géologues, géophysiciens, urbanistes, constructeurs, ingénieurs en génie civil, associations, municipalités, etc.). Si le contexte autoritaire et la réponse techniciste au risque sismique jouent un rôle dans l’implantation, parfois forcée, de certains dispositifs, ceux-ci se heurtent parfois aux dialogues simultanés de risques sur un même espace. Ces dynamiques rendent compte à la fois de cohabitations peu évidentes voire de leur incompatibilité. Elles révèlent aussi des entremêlements entre les risques, mettant au défi la fabrique urbaine en retour.