« Faire la ville par le projet », Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes.
Résumé
Cet ouvrage collectif est en fait un hommage rendu au professeur Antonio Da Cunha et à ses recherches. À travers le thème du projet, plusieurs textes sont réunit au sein de cet ouvrage, rédigés par autant par des praticiens que par des collaborateurs scientifiques qui ont travaillé avec lui.
Venant du latin projectus, qui signifie jeter quelque chose vers l’avant, le projet est considéré dans l’ouvrage comme étant un champ permanent d’invention. L’objectif poursuivi est ainsi de débattre du projet en tant qu’outil ou instrument de l’action publique, mais aussi en tant qu’objet controversé en sciences sociales. Il est question de la relation complexe et ambiguë avec le projet comme mode d’action publique que peuvent avoir les faiseurs de villes (comme Thierry Paquot a nommé les architectes, urbanistes et autres professionnels), de même que les penseurs de la ville, en référence ici à la communauté de chercheurs qui s’intéresse à la ville.
L’ouvrage de divise en trois grandes sections qui correspondent à autant d’hypothèse de travail, ou de grands principes directeurs.
En premier lieu, plusieurs textes présentent le projet comme le mode opératoire de la ville durable, dans ce qui est nommé le projet pragmatique. Ces auteurs s’intéressent donc à la planification en mode projet, qui sous-entend trois dimensions du projet. C’est le projet comme instrument de l’action publique, mais aussi en tant qu’état d’esprit, en tant que posture. Selon ces auteurs, le projet urbain concerne aussi « un lieu de projet », une portion d’espace, un territoire, un réseau d’acteurs. Les auteurs abordent tour à tour des questions relatives à, notamment, la négociation au sein des projets urbains (Sandra Guinand), aux référentiels d’action évoqués dans les processus de projet (Marta Alonso), ou aux leviers potentiels pour que les démarches de projet aboutissent dans une ville plus juste (Yves Bonard).
En second lieu, le projet est considéré comme étant réflexif, c’est-à-dire, que le mode projet en tant qu’instrument d’action publique est aussi producteur de connaissances. Ici, le projet est considéré comme un « outil de recherche, d’enseignement et de lecture du territoire » (p.35). Il est alors question de la nature des connaissances produites (Laurent Matthey), de l’enseignement du projet (Michèle Tranda-Pittion et Pierre Feddersen), du projet comme outil d’interprétation de notre rapport au territoire (Jean Bernard Racine), de l’apport de la démarche de projet dans la caractérisation sociale et physique d’un lieu (Emmanuel Reynard).
En troisième lieu, il est question de la logique rétro-prospective du projet, c’est-à-dire que le projet doit se faire dans une mise en perspective historique, et dans l’anticipation des changements sociétaux et environnementaux en cours.
Contenu
Avant propos
Muriel Delabarre
Introduction générale. Amour et désamour : le projet en débat
Benoît Dugua et Muriel Delabarre
Partie 1 – PRAGMATIQUE. Le projet comme mode opératoire de la ville durable
Partenariats et production qualitative de l’espace. Aperçus sur le projet négocié à Vienne (Autriche)
Sandra Guinaud
Repenser l’aménagement du territoire par le projet urbain : quand les acteurs économiques mènent la valse
Marta Alonso
Éthique du projet urbain. Des pistes pour une juste maîtrise publique d’ouvrage à partir d’une critique du projet urbain de Sévelin (Lausanne)
Yves Bonard
Urbanisme durable et sites stratégiques : succès et défis de la Politique des pôles de développement de l’État de Vaud (PPDE)
Jean-Philippe Dind
L’urbaniste au travail… Processus et co-construction
Entretien avec Sandra Robyr, Propos recueillis par Muriel Delabarre et Benoît Dugua
Partie 2 – RÉFLEXIF. Le projet comme producteur de connaissances
Le projet en urbanisme, entre postures de chercheur et postures d’auteur. Manifeste pour une approche littéraire du projet en urbanisme
Laurent Matthey
Peut-on résumer l’enseignement du projet urbain en 10 principes essentiels?
Michèle Tranda-Pittion et Pierre Feddersen
Projet urbain et territorial : le paysage au défi du patrimoine urbain
Jean-Bernard Racine
La géomorphologie urbaine au service du projet
Emmanuel Reynard
Partie 3 – RÉTRO-PROSPECTIF. Le projet comme levier d’un urbanisme épistémologique
Regard comparatif entre l’Europe et l’Amérique du Nord
Entretien avec Franck Scherrer et Christophe Demazière, Propos recueillis par Benoît Dugua et Muriel Delabarre
De la biorégion urbaine. Une approche rétro-prospective
Thierry Paquot
Urbanisme et processus permanents : le projet urbain à l’épreuve de l’incertitude
Inès Ramirez-Cobo et Marcus Zepf
La ville durable : un nouveau référentiel pour l’action urbanistique?
Gilles Novarina
Conclusion
Trajectoires. Entretien avec le professeur Antonio Da Cunha
Propos recueillis par Muriel Delabarre