Mylène Riva, Professeure agrégée, Département de géographie, Université McGill
Introduction
Le Canada est à la fois l’un des producteurs d’énergie les plus importants et les plus diversifiés au monde et l’un des plus grands consommateurs d’énergie. Globalement, si l’on considère l’abondance et la fiabilité des ressources énergétiques, le Canada occupe une place de choix en matière de sécurité énergétique (Conseil mondial de l’énergie, 2020). Sa forte intensité énergétique est attribuée à une combinaison de facteurs, notamment un climat généralement froid, des étés de plus en plus chauds, une population dispersée, des coûts énergétiques abordables et un niveau de vie élevé (Régie de l’énergie du Canada, 2019a).
Malgré cette situation favorable, les Canadiens et les Canadiennes ne peuvent pas tous atteindre des niveaux de services énergétiques domestiques leur permettant de répondre à leurs besoins, de maintenir des températures intérieures saines et de vivre dans la dignité – une situation connue sous le nom de précarité énergétique (Bouzarovski et Petrova, 2015; Simcock et Mullen, 2016; Thomson et coll., 2017). En effet, un ménage canadien sur cinq est confronté à la précarité énergétique (Riva et coll., 2021). Cette proportion dépasse celle de plusieurs pays européens où, contrairement au Canada, la précarité énergétique est une priorité politique et de recherche depuis de nombreuses années (Bouzarovski et coll., 2012). Cependant, la précarité énergétique est un enjeu crucial dans la poursuite de la transition énergétique du secteur résidentiel et des stratégies d’adaptation au climat, puisque les ménages en situation de précarité énergétique entrent dans cette transition désavantagés (Middlemiss, 2022). En utilisant les données d’une enquête représentative de la population pancanadienne, notre étude publiée dans la revue Energy Research and Social Science met en lumière la distribution de la précarité énergétique au Canada et ses caractéristiques sociales et géographiques (Riva et coll., 2021). Les résultats, résumés dans le présent rapport, soulignent l’urgence de se pencher sur la problématique de la précarité énergétique à travers le pays.
Revue de la littérature
On parle de précarité énergétique lorsque les ménages n’ont pas accès à des services énergétiques suffisants pour maintenir des températures intérieures saines, répondre à leurs besoins et vivre dans la dignité (Bouzarovski et Petrova, 2015; Simcock et Mullen, 2016; Thomson et coll., 2017). Ces services énergétiques sont essentiels aux activités domestiques quotidiennes telles que le chauffage et la climatisation, l’éclairage des pièces, l’utilisation d’appareils (pour la réfrigération et la cuisson des aliments, par exemple) et la communication. Par conséquent, la restriction de l’accès aux services énergétiques peut avoir un impact sur la santé et le bien-être (Ballesteros-Arjona et coll., 2022; O’Sullivan, 2019). La précarité énergétique est un enjeu à multiples facettes influencé par divers facteurs. Parmi ceux-ci figurent les conditions de logement (logements énergivores, type et source de chauffage), les facteurs liés aux ménages (revenu, mode d’occupation du logement, taille et composition du ménage, besoins et pratiques des membres du ménage) et les facteurs liés aux systèmes énergétiques (type d’approvisionnement en énergie, tarifs). La précarité énergétique peut être exacerbée par des phénomènes climatiques extrêmes qui peuvent nécessiter une augmentation de la consommation d’énergie pour garder un logement au chaud ou au frais ou entraîner des perturbations dans les services énergétiques en raison de sinistres tels que les inondations, les incendies de forêt et les tempêtes. L’importance relative de ces facteurs dans la précarité énergétique peut varier en fonction du contexte (Mashhoodi et coll., 2019).
Dans les pays à revenu élevé, deux types d’indicateurs sont généralement utilisés pour mesurer la précarité énergétique : les indicateurs basés sur les dépenses et les indicateurs autodéclarés. Les indicateurs basés sur les dépenses évaluent la part des coûts énergétiques dans le revenu des ménages en fonction d’un seuil fixe ou relatif. L’indicateur de ce type le plus couramment utilisé classe les ménages comme étant en situation de précarité énergétique s’ils dépensent plus de 10 % de leur revenu annuel sur l’énergie domestique (seuil fixe). Développé en 1991 en Angleterre, le seuil de 10 % représentait, à l’époque, environ deux fois la part médiane nationale du coût de l’énergie par rapport au revenu (Boardman, 1991). Depuis lors, différentes juridictions, y compris au Canada, ont appliqué le seuil de 10 % à la fois en recherche et en politique. Un autre indicateur basé sur les dépenses classe les ménages en situation de précarité énergétique si la part des dépenses énergétiques par rapport à leur revenu est plus de deux fois supérieure à la médiane nationale (environ 6 % au Canada; seuil relatif). En revanche, les indicateurs de précarité énergétique autodéclarés reposent sur l’autoévaluation par les individus du confort thermique et de l’efficacité énergétique de leur logement (par exemple, la capacité à maintenir le logement suffisamment chaud ou frais, les problèmes d’humidité et de moisissure) ainsi que leur expérience de difficultés financières liées à l’énergie, telle que l’accumulation de retards dans le paiement des factures d’énergie, devoir jongler les factures, la réception d’avis d’interruption de service ou l’interruption des services d’énergie.
On dénote d’importantes inégalités sociales dans la répartition de la précarité énergétique, certains groupes étant plus susceptibles d’y être confrontés que d’autres. Il s’agit notamment des ménages à faible revenu, des femmes, des jeunes adultes, des personnes âgées, des personnes racialisées et autochtones, ainsi que des personnes atteintes d’une maladie de longue durée ou d’une incapacité (Chard et Walker, 2016; Cronin de Chavez, 2017; Jessel et coll., 2019; Kwon et Jang, 2017; O’Sullivan et coll., 2017; Robinson, 2019). On observe également des inégalités entre les milieux urbains et milieux ruraux dans plusieurs pays (Bouzarovski et Tirado Herrero, 2017; Mulder et coll., 2023; Mould et Baker, 2017; Robinson et coll., 2018).
La précarité énergétique peut avoir de graves conséquences sur la santé et le bien-être. En plus de risquer d’aggraver certaines maladies chroniques, l’exposition à la précarité énergétique est associée à un risque accru de maladies respiratoires et cardiovasculaires, ainsi qu’à une hausse des hospitalisations et de la mortalité qui en découlent (Liddell et Morris, 2010; Marmot Review Team, 2011; Organisation mondiale de la santé, 2018; O’Sullivan, 2019). Les personnes confrontées à la précarité énergétique sont sujettes à de multiples facteurs de stress, notamment le fait de devoir limiter leur consommation d’énergie ou de faire des compromis sur d’autres nécessités telles que la nourriture, ce qui conduit au dilemme « se chauffer ou manger » (Bhattacharya et coll., 2003; Burlinson et coll., 2022).
L’objectif global de l’étude était de quantifier la proportion de ménages canadiens confrontés à la précarité énergétique. Ce faisant, nous avons cherché à déterminer les populations les plus exposées à la précarité énergétique en fonction de la composition du ménage, des conditions de logement et des caractéristiques socioéconomiques, de même qu’à explorer les disparités géographiques dans la répartition de la précarité énergétique entre les provinces et le long du continuum urbain-rural (Riva et coll., 2021).
Méthodologie
Les données utilisées pour cette étude proviennent de l’Enquête sur les dépenses des ménages (EDM) de 2017, une enquête bisannuelle menée par Statistique Canada (Statistique Canada, 2017) et à laquelle répond une personne de chaque ménage participant. Dans l’EDM, les personnes participantes déclarent le montant de leurs derniers paiements pour l’électricité, le gaz naturel ou d’autres combustibles (mazout, propane, bois et autres combustibles pour le chauffage et la cuisson). Ces informations sont ensuite ajustées pour représenter les dépenses énergétiques annuelles. Les données sur le revenu et l’impôt sur le revenu des ménages sont tirées des fichiers de déclaration de revenus des particuliers de l’Agence du revenu du Canada, puis reliées à l’EDM par l’intermédiaire de l’Environnement de couplage de données sociales de Statistique Canada (avec l’accord des répondants pour que leurs données sur le revenu soient couplées).
La précarité énergétique a été évaluée à l’aide de deux indicateurs basés sur les dépenses : le seuil de 10 % et la part élevée du revenu consacrée aux dépenses énergétiques, ce dernier indicateur étant ci-après appelé 2M (plus de deux fois la médiane nationale). Ces indicateurs ont été calculés sur la base du revenu des ménages après impôt et après avoir pris en compte les autres coûts de logement, tels que le loyer et l’hypothèque. Nous avons ensuite évalué la variation de la précarité énergétique en fonction des conditions et des caractéristiques du logement, des caractéristiques socioéconomiques des répondants de l’EDM, de la province et du milieu de résidence (urbain/rural). Par souci de concision, ce résumé présente les résultats pour l’indicateur 2M uniquement. Les résultats descriptifs ont été estimés sous forme d’effectifs et transformés en pourcentages avant d’être diffusés par le Centre de données de recherche McGill-Concordia (CDR). Nous avons utilisé des modèles de régression logistique pour comparer le degré d’influence de la composition du ménage, des caractéristiques du logement et des caractéristiques socioéconomiques et démographiques sur la précarité énergétique. Les analyses ont été limitées aux dix provinces. Statistique Canada a accordé l’accès aux microdonnées de l’EDM. Les analyses ont été effectuées au CDR, un environnement physique sécurisé mis à la disposition des chercheurs et chercheuses accrédités pour accéder aux microdonnées anonymes à des fins de recherche.
Résultats
Dans l’ensemble, selon l’indicateur 2M, 19 % des ménages canadiens sont confrontés à la précarité énergétique. Cependant, il existe des variations notables entre les provinces (figure 1), la proportion la plus élevée de ménages en situation de précarité énergétique se trouvant dans les provinces de l’Atlantique, où elle dépasse les 30 %. Viennent ensuite l’Ontario et la Saskatchewan. Avec 30 %, la proportion de ménages confrontés à la précarité énergétique est considérablement plus élevée parmi les ménages ruraux que parmi les ménages urbains (résultats non tabulés).
aLes ménages sont considérés comme étant en situation de précarité énergétique si le rapport entre les coûts de l’énergie domestique et le revenu du ménage est plus de deux fois supérieur au rapport médian national (>6 %)
La figure 2 décrit la répartition de la précarité énergétique en fonction de la composition du ménage, du type de logement et des caractéristiques socioéconomiques (un * à côté de la variable indique que la différence au sein de chaque variable est statistiquement significative à p<0,05). On observe une proportion plus élevée de précarité énergétique dans les ménages d’une seule personne, dans les ménages où au moins une personne est âgée de 65 ans ou plus et dans les ménages où au moins une personne vit avec une maladie de longue durée ou une incapacité. Inversement, la prévalence de la précarité énergétique est plus faible dans les ménages avec enfants. En ce qui concerne les caractéristiques des logements, la précarité énergétique est plus fréquente chez les personnes résidant dans des maisons individuelles, dans des logements construits avant 1960 et dans des logements nécessitant des réparations majeures. La différence de précarité énergétique entre les propriétaires et les locataires n’est pas statistiquement significative. Une plus grande proportion de précarité énergétique est observée chez la personne de référence (c’est-à-dire la personne ayant participé à l’EDM) s’identifiant comme femme, déclarant un niveau d’éducation inférieur (moins que le diplôme d’études secondaires) ou étant pas sur le marché du travail la semaine précédant l’enquête. La précarité énergétique est surreprésentée dans les ménages des deux quintiles de revenus les plus bas. Toutefois, la répartition entre les quintiles de revenus des ménages montre que la précarité énergétique ne touche pas uniquement les ménages à faible revenu.
L’étude permet de dégager un schéma social clair de la précarité énergétique au Canada. Celui-ci va dans le même sens que les résultats d’études internationales, qui démontrent que des populations spécifiques telles que les personnes âgées, les personnes vivant seules, les familles monoparentales, les personnes peu scolarisées et celles qui sont sans emploi ou reçoivent une aide sociale sont plus susceptibles de connaître la précarité énergétique (Healy et Clinc, 2002; Robinson, 2019; Ruse et coll., 2019; Sunikka-Blank, 2020). Les ménages composés d’une seule personne ou d’une famille monoparentale, les ménages composés de personnes aînées et les ménages composés d’une personne atteinte d’une maladie de longue durée ou d’une incapacité courent également un plus grand risque d’être confrontés à la précarité énergétique. Nos résultats soutiennent les recherches antérieures indiquant que la proportion de la précarité énergétique varie en fonction du genre. Par rapport aux hommes, les femmes sont plus vulnérables à la précarité énergétique en raison (notamment) de pratiques domestiques genrées (responsabilités domestiques, soin des enfants) et d’une plus faible participation sur le marché du travail (Healy, 2004; Johnson, 2020; Petrova et Simcock, 2019; Robinson, 2019; Sunikka-Blank, 2020; Teariki et coll., 2020).
En utilisant des modèles de régression logistique, nous avons évalué l’influence relative de la composition du ménage, des caractéristiques du logement ainsi que des facteurs socioéconomiques et démographiques sur la précarité énergétique (figure 3). Les résultats sont présentés sous forme de rapports de cotes et d’intervalles de confiance à 95 % (voir la note de bas de page de la figure 3 pour une explication). Par rapport aux familles nucléaires (couple avec enfants), la probabilité de vivre en situation de précarité énergétique est plus de quatre fois plus élevée pour les personnes vivant seules (ménage d’une personne) et plus de deux fois plus élevée pour les familles monoparentales. Les probabilités sont également beaucoup plus élevées pour les ménages qui comptent au moins une personne atteinte d’une maladie de longue durée ou d’une incapacité et pour les ménages qui comptent au moins une personne de 65 ans ou plus.
En ce qui concerne les caractéristiques des logements, la précarité énergétique est plus fréquente dans tous les types de logements autres que les appartements. Cela reflète probablement l’augmentation des coûts de chauffage associé à des espaces de vie plus grands. Les appartements bénéficient d’une exposition réduite aux murs extérieurs, aux sols, aux toits et aux fenêtres, ce qui se traduit par des besoins énergétiques moindres par ménage vivant en appartement (Papada et Kaliampakos, 2016). Conformément aux conclusions d’autres études (Ambrose, 2015; Hernández et Bird, 2010; Howden-Chapman et coll., 2012), la précarité énergétique est nettement plus élevée chez les locataires que chez les propriétaires ayant contracté un prêt hypothécaire. Cet écart est probablement dû au fait que les locataires ont moins de contrôle sur leur logement et leur système de chauffage et que leur mode d’occupation limite leur capacité à apporter des modifications écoénergétiques à leur logement (Healy, 2004). La précarité énergétique touche également les ménages vivant dans des logements plus vieux (construits avant 1960) et ceux qui nécessitent des réparations importantes, ce qui peut être attribué à la plus faible efficacité énergétique de ces types de logements.
a Estimations avec des coefficients de variation entre 16,6 % et 33,3 %; les estimations doivent être interprétées avec prudence.
b Estimations déclarées par la personne de référence, c’est-à-dire la ou le membre du ménage qui a répondu à l’EDM.
* Indique que la répartition de la précarité énergétique au sein de chaque variable est statistiquement significative à p<0,05.
aLes résultats des modèles de régression logistique sont présentés sous la forme de rapports de cotes accompagnés d’un intervalle de confiance à 95 %. Un rapport de cotes supérieur à 1 indique qu’il y a une plus grande probabilité que la précarité énergétique soit associée aux variables examinées, soit la composition du ménage, le type de logement et la géographie (en tenant compte des autres variables). Un rapport de cotes inférieur à 1 indique une probabilité plus faible d’observer la précarité énergétique. L’intervalle de confiance (IC) renseigne sur la précision du rapport de cotes estimé. Un grand IC indique un faible niveau de précision du rapport de cotes, tandis qu’un petit IC indique une plus grande précision du rapport de cotes. Le niveau de signification statistique est fixé à p<0,05. Dans la figure 2, les barres plus claires indiquent que l’association n’est pas statistiquement significative.
Des schémas géographiques se dégagent clairement dans la répartition des ménages en situation de précarité énergétique à travers le Canada, avec des probabilités de précarité énergétique plus élevées dans les zones rurales que dans les grandes agglomérations, et dans les provinces de l’Atlantique et l’Ontario par rapport à la Colombie-Britannique. Ces disparités géographiques indiquent une forte influence régionale sur la répartition de la précarité énergétique au Canada. Dans les provinces de l’Atlantique, le mazout et la biomasse sont plus fréquemment utilisés comme principales sources de chauffage que dans le reste du Canada (Régie de l’énergie du Canada, 2019b). Le Canada atlantique se caractérise également par un plus faible revenu médian des ménages et une plus grande part de la population âgée de 65 ans et plus. Plus de 40 % de la population des provinces de l’Atlantique réside dans des zones rurales, où le coût de la distribution de l’électricité est souvent plus élevé et les maisons plus grandes, ce qui entraîne une augmentation des coûts de chauffage.
Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour développer des indicateurs de précarité énergétique adaptés au contexte canadien et pour examiner les tendances à long terme. L’accent devrait être mis sur la modélisation des besoins énergétiques et sur la mise au point d’indicateurs permettant de mesurer la précarité énergétique cachée ou la surconsommation d’énergie (Papada et Kaliampakos, 2020). En effet, les indicateurs basés sur les dépenses, comme ceux utilisés dans notre étude, se concentrent sur la quantification du montant consacré à l’énergie plutôt que sur l’évaluation du montant qui devrait être dépensé pour répondre aux besoins énergétiques (Hills, 2012). Il est possible que cette approche ne prenne pas en compte les ménages qui limitent intentionnellement leur consommation d’énergie pour réduire leurs dépenses, ce qui peut conduire à une sous-estimation de la précarité énergétique. De même, les indicateurs basés sur les dépenses ne tiennent pas compte des locataires pour qui les factures d’énergie sont incluses dans leur loyer, ce qui pourrait également entraîner une sous-estimation de la proportion de la précarité énergétique dans les centres urbains, où la concentration de locataires est plus élevée. Des recherches supplémentaires, y compris des études qualitatives, sont nécessaires pour mieux comprendre les effets de la précarité énergétique sur la vie quotidienne des ménages canadiens, en particulier parmi les sous-groupes de la population qui peuvent être plus vulnérables à la précarité énergétique.
Conclusion
La décarbonisation du secteur du bâtiment est cruciale pour que le Canada atteigne ses objectifs de réduction des émissions pour 2030 (Environnement et Changement climatique Canada, 2022) et parvienne à la carboneutralité d’ici 2050 (Gouvernement du Canada, 2023). Il est essentiel que les nouvelles constructions respectent les normes d’efficacité énergétique ; or, plus de 80 % des bâtiments qui devrait exister en 2050 sont déjà construits. Des efforts considérables sont donc nécessaires pour rénover les bâtiments existants afin d’atteindre les objectifs de décarbonisation du Canada (Environnement et Changement climatique Canada, 2022; McDonald et coll., 2017). Les programmes d’efficacité énergétique résidentielle (par exemple, ceux qui prévoient une meilleure isolation, une meilleure étanchéité à l’air et des améliorations du système de chauffage) améliorent le confort thermique, réduisent les dépenses énergétiques et améliorent la résilience aux risques climatiques (Ribeiro et coll., 2015). Ces programmes ont également des effets bénéfiques directs et indirects sur la santé et le bien-être (Gilbertson et coll., 2012; Green et Gilbertson, 2008; Howden-Chapman et coll., 2007; Liddell et Guiney, 2015; Liddell et Morris, 2010; Poortinga et coll., 2017; Rodgers et coll., 2018; Sharpe et coll., 2019; Thomson et coll., 2009; Thomson et coll., 2013; Willand et coll., 2015; Willand et coll., 2020). Il est fondamental de veiller à ce que ces programmes n’exacerbent pas involontairement les inégalités sociales si leur accessibilité et leurs avantages ne sont pas équitablement répartis. Cet aspect est d’autant plus important à prendre en compte étant donné que les investissements nationaux dans les programmes d’efficacité énergétique des logements, ciblant à la fois les logements existants et les nouveaux logements, sont été réalisés dans le contexte d’une pénurie de logement abordable à l’échelle nationale. Pour parvenir à une transition juste et à la résilience climatique dans le secteur résidentiel, les politiques et programmes d’efficacité énergétique résidentielle devraient s’attaquer explicitement à la précarité énergétique.
Remerciements
Les informations présentées dans ce résumé sont adaptées de l’article suivant : Riva, M., Kingunza Makasi, S., Dufresne, P., O’Sullivan, K. C. et Toth, M. (2021). Energy poverty in Canada: Prevalence, social and spatial distribution, and implications for research and policy. Energy Research and Social Science, 81, 102237. Les analyses présentées dans l’article original (et reproduites en partie dans le présent résumé) ont été effectuées au Centre de données de recherche McGill-Concordia, une branche du Centre interuniversitaire québécois de statistiques sociales (CIQSS), qui fait partie du Réseau canadien des centres de données de recherche (RCCDR). Les services et activités offerts par le CIQSS sont rendus possibles grâce au soutien financier ou en nature du Conseil de recherches en sciences humaines, des Instituts de recherche en santé du Canada, de la Fondation canadienne pour l’innovation, de Statistique Canada, du Fonds de recherche du Québec – Société et culture, du Fonds de recherche du Québec – Santé, ainsi que des universités québécoises. Les opinions exprimées dans l’article original et dans ce résumé sont celles des auteur·e·s et ne reflètent pas nécessairement celles du RCCDR ou de ses partenaires.
Pour citer cet article
Riva, M. (2024). La précarité énergétique au Canada : une question d’inégalités sociales et géographiques. Dans Répertoire de recherche Villes, climat et inégalités. VRM – Villes Régions Monde. https://www.vrm.ca/la-precarite-energetique-au-canada-une-question-dinegalites-sociales-et-geographiques
Texte source
Riva M, Kingunza Makasi S, Dufresne P, O’Sullivan KC, Toth M (2021) Energy poverty in Canada: Prevalence, social and spatial distribution, and implications for research and policy. Energy Research and Social Sciences 81: 102237.
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