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Profil Pro – Rencontre avec Antoine Verville – Directeur de l’aménagement du territoire, du transport et de la mobilité durable à la Communauté métropolitaine de Québec

Par Salomé Vallette

Pouvez-vous nous parler de votre parcours scolaire et professionnel? Quelles sont les étapes qui vous ont amené à la Communauté métropolitaine de Québec?

J’ai fait un baccalauréat intégré en études internationales et langues modernes avec un profil en environnement. Puis, j’ai poursuivi à la maîtrise en aménagement du territoire et développement régional à l’Université Laval.

À la suite de mes études, j’ai travaillé pendant 13 ans en gestion intégrée de l’eau par bassin versant, notamment au sein du Regroupement des organismes de bassins versants du Québec (ROBVQ), qui regroupe 40 organismes en gestion de l’eau. J’ai commencé comme chargé de projets avant de devenir directeur général de l’organisation. Cette opportunité m’a permis d’expérimenter et de développer mes capacités de gestionnaire.

Par ailleurs, je suis toujours resté en contact avec le milieu universitaire. Après quelques années comme codirecteur d’une alliance de recherche portant sur la résilience des communautés côtières face aux changements climatiques, je suis maintenant chargé de cours à temps partiel en aménagement du territoire et développement régional à l’Université Laval.

Mon arrivée à la Communauté métropolitaine de Québec a d’abord pris la forme d’une collaboration ponctuelle sur certains dossiers, telle que l’élaboration de la Vision métropolitaine de l’eau. Puis, il y a deux ans, on m’a offert de me joindre officiellement à l’équipe à titre de directeur de l’aménagement du territoire, du transport et de la mobilité durable. Cette nouvelle étape de ma vie professionnelle arrivait à point : je pouvais ainsi mettre en pratique mes acquis en aménagement du territoire, en gestion de l’eau, en changements climatiques ainsi qu’en gestion du personnel, tout en touchant à des domaines connexes, comme la mobilité durable.

Quels sont les aspects de votre travail que vous aimez le plus? Est-ce que vous rencontrez certaines limites?

J’apprécie particulièrement l’échelle de planification territoriale qu’est l’échelle métropolitaine. Elle permet d’aborder l’aménagement et le développement du territoire sous un autre œil en innovant et en changeant les pratiques de fond du domaine. Nous ne sommes pas dans les enjeux quotidiens de l’urbanisme, mais nous prenons en considération les réalités locales pour mieux planifier l’aménagement et le développement du territoire en songeant à notre impact dans les 20 ou 30 prochaines années.

L’un des aspects positifs de mon travail est de collaborer avec une pluralité de personnes aux expertises diversifiées, des partenaires des municipalités comme du milieu communautaire, en passant par mes nombreux collègues. Les dossiers de mon équipe sont aussi extrêmement variés, car celle-ci pilote tant la révision de notre Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD), la modélisation des zones inondables que le développement économique ou la Vision métropolitaine de la mobilité durable. Bref, on ne s’ennuie jamais!

Du côté des limites rencontrées au quotidien, même si nous avons de grandes ambitions basées sur les meilleures pratiques, nous n’irons jamais plus loin que là où les acteurs sont prêts à aller collectivement. Nous avons donc besoin de temps, de patience et d’écoute pour cheminer ensemble et susciter l’adhésion dans la prise de décision. Par exemple, dans le cadre de la révision du PMAD, on souhaite que la région se dirige vers une mobilité plus durable, avec des milieux de vie complets et des transports collectifs. C’est plus facile à dire qu’à faire : il faut comprendre les besoins, changer les façons de faire jusqu’à maintenant, modifier certains cadres légaux ou programmes provinciaux. Pour résoudre ces difficultés, il faut agir sur ces freins afin d’atteindre nos objectifs globaux.

Une autre limite est relative au cadre légal en aménagement du territoire. Bien qu’il soit mis en place pour de bonnes raisons, il peut parfois freiner de nouvelles façons de faire ou ralentir l’avancement de certains projets. Par exemple, on a encore à ce jour beaucoup de difficultés à appliquer la requalification urbaine, c’est-à-dire de rebâtir la ville sur elle-même. Il faut prendre en compte les processus d’expropriation ou encore les coûts de décontamination des terrains, notamment, qui sont des enjeux qui peuvent rendre difficile le passage de l’idée à l’action.

Comment faites-vous pour demeurer au fait des actualités dans votre domaine?

Bonne question! C’est un défi d’y accorder du temps dans nos horaires bien chargés. À la CMQuébec, c’est un travail d’équipe. On se partage nos connaissances lors de midis-conférences, on se fait part de formations continues et on s’envoie des articles en lien avec nos champs d’intervention sur une base quotidienne.

Par sa nature, mon poste me garde également au fait de l’actualité, que ce soit par mon implication dans des groupes de travail ou des comités consultatifs. Je m’assure aussi de m’allouer du temps pour assister à des congrès, des webinaires ou encore consulter des publications spécialisées.

Comment imaginez-vous votre secteur dans les prochaines années?

Avec beaucoup d’enthousiasme! Même si je n’ai pas 50 ans de carrière derrière moi, j’ai vraiment l’impression que l’aménagement du territoire, la conservation et l’utilisation durable des milieux naturels sont des sujets en effervescence. Récemment, les élu·e·s membres de notre conseil métropolitain ont fait le constat, qui a fait l’objet d’une publication, que le statu quo n’est plus possible et j’y adhère pleinement.

Évidemment, nous sommes dans un contexte de crises multiples : crise sanitaire, climatique, du logement… Nos façons de faire en aménagement du territoire ne répondent plus aux enjeux de demain. Il faut trouver de nouvelles avenues. C’est d’ailleurs le rôle de notre organisation, qui tente d’innover et de planifier notre développement durable pour les 20 prochaines années.

Mon souhait est que nous arrivions à tisser des liens plus étroits entre l’aménagement urbain, périurbain, rural ainsi que le développement du territoire, les enjeux sociaux et la santé des populations. Je pense que l’une des façons d’y arriver passe par la mobilité durable. On n’en a jamais autant entendu parler dans la sphère publique! Avec l’intensification des projets favorisant les transports actifs et collectifs ainsi que l’interconnexion entre les services de plusieurs territoires, c’est un sujet qui, je le prévois, interpellera et sollicitera largement les aménagistes dans les prochaines années.