Capsule thématique
Reykjavik
Auteure : Ophélie Seuillot (Février 2017)
Introduction
Ce n’est que vers 870, que les premiers scandinaves sont arrivés en Islande et ont établi le premier peuplement sur le site actuel de Reykjavik, la capitale et l’unique grande ville du pays (Chabot, s.d). Cette ville portuaire située entre deux fjords et qui s’étale le long d’une baie, est la plus peuplée du pays avec 216 300 habitants pour 337 610 sur toute l’Islande (PopulationData, 2016). Même si ses nouveaux quartiers témoignent de la croissance rapide de la ville au cours du XXème siècle, la densité reste relativement très faible et les habitations très dispersées. Ce sont principalement des habitations individuelles et des quartiers résidentiels espacés et séparés par les grandes artères de la ville.
Reykjavik incarne le centre névralgique du pays en concentrant les principales fonctions : politique, économique, industrielle, financière et culturelle. Son influence s’étend d’ailleurs plus profondément dans le pays grâce au réseau routier et à son aéroport international basé à Keflavik. La moitié des industries islandaises étant situées dans la région de la capitale, les ports permettent d’assurer les relations commerciales et industrielles internes et externes du pays.
Depuis l’indépendance de l’Islande en 1944, la capitale acquiert progressivement un statut international à part entière. À titre d’exemples, en 1986 dans un contexte de Guerre Froide, la communauté politique internationale se rencontre au Sommet de Reykjavik et en 2000, la ville endosse le rôle de capitale européenne de la culture pour une année.
Pourtant d’un point de vue économique, cette ouverture à l’internationale s’est soldée par un événement historique majeur pour le pays : la crise financière de 2008 qui a plongé l’état islandais dans la faillite et mis un terme à l’extension démesurée du système bancaire islandais – jusqu’à 10 fois le PIB – engendrant ainsi l’effondrement de la monnaie locale, la couronne islandaise (France Diplomatie, 2016). Aujourd’hui même si le taux de chômage reste bas, le déficit extérieur et la dette du pays, eux, demeurent élevés.
La ville dans son environnement
Les villes se développent en relation étroite avec le milieu naturel dans lequel elles évoluent et cela a une influence sur le lieu d’établissement, le bâti, les relations sociales, l’économie ou encore les risques environnementaux. La situation géographique de Reykjavik a favorisé l’établissement des premiers peuplements au IXème siècle, ainsi que l’activité de la pêche, qui est devenue, avec le tourisme et les activités industrielles, un des principaux secteurs économiques de la ville aujourd’hui.
Bien qu’on puisse l’imaginer comme une métropole reculée et donc repliée sur elle-même, le développement de la géothermie et de l’hydroélectricité ont profondément transformés la ville. Jouissant d’une terre géologiquement riche, le chauffage et l’électricité des habitants sont assurés par les sources d’eau chaude voisines et les sites hydroélectriques, ce qui permet à Reykjavik de figurer parmi les villes les plus vertes au monde.
À ce jour, l’utilisation des transports publics et des véhicules électriques restent encore très limitée. La capitale n’a pas encore développé de réseau de transport propre comme le tramway ou le métro, mais le plan municipal de Reykjavik pour 2010-2030 propose déjà plusieurs orientations en ce qui concerne le déplacement en ville. L’accent est mis sur les transports publics, la marche et le vélo. Depuis 2003, déjà trois prototypes de bus roulent à l’hydrogène et une station a déjà été inaugurée dans le même temps. L’hydrogène constitue un carburant alternatif renouvelable et non polluant qui devrait remplacer progressivement les carburants faits à partir d’énergies fossiles. À l’origine de ce projet, on trouve l’organisation Icelandic New Energy dont l’objectif est de tester ce même combustible pour tout le réseau de transport public et les bateaux de pêche (Sénat, s.d).
Finalement à Reykjavik, l’enjeu environnemental le plus inquiétant est l’afflux touristique saisonnier : près d’un million de visiteurs étrangers en 2014, presque trois fois la population de l’île. En outre, 95% des touristes séjourneraient au moins une fois dans la capitale durant leur voyage et 46% d’entre eux utiliseraient la voiture, le moyen de transport privilégié pour visiter le pays (OCDE, 2014). Bien que le développement massif du tourisme profite grandement à la métropole, on peut se demander s’il ne représente pas un risque important pour la pérennité du modèle écologiste défendu par la ville.
La dualité urbain-rural
Comme toute métropole à la croissance rapide, Reykjavik fait face à un défi majeur, celui de l’étalement urbain. En effet, l’Islande a connu ces dernières décennies un important exode rural car les habitants du pays préfèrent désormais vivre dans la région de la capitale qui constitue le principal bassin d’activités du pays. La municipalité s’est donné pour objectif de lutter contre l’étalement urbain en limitant la construction sur des terres vierges, et en favorisant le développement d’une zone urbaine plus dense et plus cohérente. À l’image des pays scandinaves, la municipalité souhaite réintroduire des aires vertes au sein de l’espace urbain. L’objectif est que 90% de la population n’ait que 300 mètres à faire à pied pour trouver des aires vertes et récréatives dans la ville (City of Reykjavik, 2014). Ces services écosystémiques à caractère social permettraient une meilleure qualité de l’air et de vie pour les habitants, en favorisant la liberté de circuler dans l’espace et le développement des activités de plein air. Pour autant, bien que cette mesure soit sans conteste favorable pour améliorer le niveau de vie des citadins, l’aménagement de ces aires vertes ne doit pas se faire au détriment de l’environnement naturel de la ville, qui est déjà entourée de paysages singuliers tel que le mont Esja situé en face de la baie de Reykjavik. L’attribution matérielle et symbolique que les habitants accordent à cet environnement fait parti de l’aspect identitaire et culturel de la ville.
Par ailleurs, le fait le plus éloquent de cette dualité entre urbain et rural se retrouve dans les croyances très ancrées en des éléments surnaturels. Ces croyances lointaines qui font partis du folklore et de la culture traditionnelle du pays ne sont pas négligeables, y compris dans la métropole. En effet, « la capitale islandaise, Reykjavik, est jalonnée d’alfastadir ou »lieux d’elfes », éléments singuliers dans le paysage, nommés et localisés, connus pour abriter des êtres surnaturels appelés tantôt alfar (elfes) ou huldufolk (gens cachés). Les représentations liées aux elfes puisent leur origine dans l’ancienne religion germano-nordique, mais elles se sont surtout diffusées à travers les thjodsögur (les contes populaires islandais) qui n’ont cessé d’alimenter une tradition orale très active. » (Muller, 2005)
Cette présence paradoxale dans l’espace urbain pousse à réfléchir à l’aménagement de la ville car ces »lieux d’elfes » obligent parfois le contournement d’un chemin ou l’abandon d’un projet de construction. C’est dans les périphéries au rythme de l’urbanisation, calquées sur le modèle des banlieues résidentielles états-uniennes que l’on recense le plus d’alfastadir connus dans la capitale. Ces croyances incarnent le symbole d’une identité traditionnelle islandaise en opposition à la modernité, et nous rappellent qu’on ne peut considérer les réalités urbaines et rurales indépendamment. Finalement, ni l’urbanisation, ni l’industrialisation, ni même la globalisation n’ont séparé les croyances rurales du mode de vie urbain en Islande.
L’effet du développement technologique sur l’économie
Le développement technologique a fortement changé la petite ville insulaire en une métropole au rayonnement mondial. En 2000, 60% des habitants de Reykjavik avaient un accès Internet à domicile, ce qui a permis dans le même temps, l’émergence d’entreprises en lien avec l’informatique. La municipalité de Gardabaer au sud de Reykjavik tend ainsi à devenir l’amorce d’une Silicon Valley islandaise spécialisée dans les logiciels et dont la clientèle est internationale. « Des entreprises profitent également de la localisation intermédiaire entre l’Europe et l’Amérique pour proposer des services de maintenance informatique à distance jouant sur les différents fuseaux horaires » (Dupuy, 2003). Portée par la vague d’Internet, Reykjavik se place comme une métropole émergente et exerce progressivement des fonctions au niveau mondial avec des réseaux et des flux d’échanges entre le continent européen et la plaque nord-américaine. Dans les années à venir, le pays compte sur l’établissement de nouvelles connexions commerciales avec les perspectives de plusieurs routes maritimes arctiques et l’émergence de Keflavik comme un hub aéroportuaire au milieu de l’Océan Atlantique (Trésor, s.d).
Cohésion et fragmentation dans la ville
La région de Reykjavik a connu peu de flux d’immigration, surtout depuis la crise financière de 2008, mais on trouve cependant une minorité d’immigrants polonais. Ils étaient 8500 dans la capitale en 2012, dont 25% sans emploi deux ans après la crise, constituant ainsi une des populations les plus touchées par le chômage et employées en majorité dans le secteur de la pêche. En dehors de la communauté polonaise, le pays reste toutefois réputé pour la très forte homogénéité de sa population. Dans cette métropole insulaire, il semblait donc nécessaire pour le gouvernement d’orienter les mentalités sur la question migratoire. En Mars 2001, l’Islande entre ainsi dans l’espace Schengen et un an plus tard, une loi est adoptée pour faciliter les procédures d’obtention d’autorisations de travail et d’assurances sociales pour les étrangers. Cette même année, l’île a vu arriver ses premiers demandeurs d’asile albanais et roumains.
Aujourd’hui, il est donc difficile de mesurer le degré de mixité sociale, souvent perçue comme le résultat d’une bonne intégration et facteur de cohésion dans la ville.
En termes d’engagement civique et politique, les islandais figurent parmi les citoyens les plus actifs en Europe. La participation électorale est importante : 89% pour les 20% les plus aisés et 77% pour les 20% les moins aisés – l’appartenance de classe a donc peu d’influence sur la participation des citoyens à la vie politique – et 61% d’entre eux mènent une activité civique ou politique sur une période de 12 mois. Le pays occupe les premiers rangs en matière de liens sociaux et de sécurité : le taux d’homicides est de 0,3 pour 100 000 habitants. Selon les statistiques de l’OCDE, nous pouvons avancer que la société islandaise participe à assurer le bien-être de ces membres en favorisant les relations sociales et ainsi l’unité de la ville. En Islande, 96% des personnes interrogées pensent connaître quelqu’un sur qui compter en cas de besoin (OECD Better Life Index, s.d).
Certes, la faible densité de la ville permet dans le cas présent une forte proximité sociale et la création d’un réseau amical mais il est important de garder en tête que l’échelle de la ville ainsi que la forte homogénéité de sa population est un facteur non-négligeable dans sa cohérence d’ensemble. Mais pourra-t-on en dire autant dans les prochaines décennies avec le développement de la métropole ?
À ce jour, même si une fragmentation entre les groupes sociaux ou ethniques n’est pas encore réellement visible dans l’espace urbain, il existe bien une ségrégation à l’emploi entre hommes et femmes. Le 24 octobre dernier à Reykjavik, les femmes se sont ainsi mises en grève à 14h38, heure à laquelle se termine l’égalité salariale entre hommes et femmes dans le pays. Les femmes gagneraient un salaire environ 18% inférieur à celui des hommes (Courrier International, 2016).
Cadre bâti et aménagement urbain
Le milieu naturel, la disponibilité des ressources et l’activité humaine sont tout autant de facteurs qui influencent l’évolution du cadre bâti et l’aménagement de la ville. On retrouve ainsi une influence scandinave importante dans l’architecture et l’urbanisme de Reykjavik, qui à l’image de ces pays, vise à réintroduire des zones vertes dans l’espace urbain.
Lors de la colonisation de l’île, la grande majorité des forêts ont été utilisées pour la fabrication des premières maisons dans la capitale. Celles-ci sont souvent colorées, basses et individuelles. Et pour cause, la ville, comme nous l’avons vu précédemment, fait face à un problème d’étalement urbain.
Face à l’afflux touristique et à la volonté de se faire une place à l’international, la municipalité met en œuvre depuis les années 2000, une politique de réaménagement du front de mer dont témoigne la construction de la salle de concert et centre des congrès Harpa, un édifice spectaculaire à l’architecture iconique, reprenant l’effet des écailles de poisson comme emblème maritime. La ville se transforme et aspire ainsi à un nouveau visage urbanistique et architectural par la construction d’immeubles modernes et de nouvelles voiries.
Enfin, toujours en lien avec l’utilisation des ressources naturelles existantes, la municipalité a développé un système de réchauffement des trottoirs et des routes par le biais de la géothermie pour permettre le déneigement de ces voies en hiver. Aujourd’hui, les économies engendrées par ce procédé compensent désormais les coûts d’installation du système (Paré, 2014). En mettant à profit l’usage de ses ressources naturelles, la ville permet ainsi l’accessibilité et la circulation dans les espaces publics, qui représentent des lieux d’activités et de rencontres entre les habitants.
Créativité et innovation
Reykjavik ne s’impose pas nécessairement comme une ville avant-gardiste en matière de créativité, mais elle a su profiter de ses talents dans le domaine de l’artisanat traditionnel et rayonner à l’international grâce à son statut de »Ville de littérature » au sein du réseau des villes créatives de l’UNESCO depuis 2011 (UNESCO, s.d). On y trouve en effet un des plus importants festivals européens de littérature ainsi qu’un héritage inestimable en matière de littérature médiévale.
Anecdote intéressante : dans son programme présidentielle en 2014, l’Islande a choisi l’exportation de la musique nordique parmi ses sujets prioritaires. La capitale accueille déjà de nombreux festivals de musique (Iceland Airwaves Music Festival, Solstice Festival…) qui lui permettent de représenter de nombreux artistes locaux, dont certains se sont déjà faits connaître dans le monde entier : Björk, Sigur Rós etc… L’inauguration de la salle de concert Harpa en 2011 sur la façade maritime de la ville témoigne de cette volonté. La métropole a su développer une vie culturelle florissante et diversifiée qui constitue chaque année un nouvel attrait touristique pour la région.
Du côté des innovations, la compagnie biopharmaceutique deCODE Genetics basée à Reykjavik a réussi à isoler les gênes de la sclérose en plaque et de l’asthme grâce au fichage génétique d’une large partie de la population. Cette recherche importante à l’échelle de la population islandaise a été en partie possible de par son homogénéité. Bien que le fichage génétique soit contestable, il a permis dans ce cas présent de développer des médicaments pour soigner ces maladies.
Finalement, au sens où l’on définit la créativité et l’innovation comme étant le besoin de s’adapter à un contexte changeant ou à la volonté de résoudre un problème pour améliorer la société, la plus grande ambition de l’Islande reste encore de vouloir devenir le premier pays au monde a être totalement indépendant des ressources fossiles et polluantes. Cet objectif si il est mené à bien, fera de Reykjavik la pionnière en ce qui concerne le « 100% énergies renouvelables ».
Gouvernance et participation citoyenne avec l’utilisation des NTIC
La mondialisation a complexifié les relations entre les acteurs au niveau international, c’est pourquoi plusieurs auteurs postulent que c’est à partir des villes que l’avenir de la planète va se jouer. Les conséquences politiques et sociales de la crise financière de 2008 en Islande en sont un bon exemple.
En effet, après l’effondrement de la couronne islandaise et l’annonce de la dette par habitant, les islandais ont réclamé la démission de David Oddsson, alors président de la banque centrale islandaise et ancien premier ministre à l’origine de la libéralisation du pays. À la suite de cet événement, un dispositif digital de concertation a été mis en place pour élaborer la nouvelle constitution du pays par et pour les islandais. En Novembre 2009, près de 950 citoyens sont tirés au sort pour participer au forum de discussion sur la future constitution et deux ans plus tard la rédaction commence. Un dispositif complet est mis en place pour informer en temps réel sur les médias sociaux des avancées sur le projet et en moins de trois mois la Constitution provisoire est soumise au référendum.
L’objectif était ambitieux mais au total seulement 1,1% de la population a réellement participé par le biais des NTIC (Luciani, 2012). La valorisation de la participation citoyenne est importante car elle permet d’améliorer les services publics, de favoriser le lien social et l’apprentissage collectif de compétences civiques, mais elle engendre presque toujours un problème d’exclusion dans son processus. Bien que l’utilisation des NTIC pour et par les citoyens soit une initiative encourageante pour coordonner les acteurs et les institutions afin d’atteindre des objectifs communs, le »tout numérique » a montré ses faiblesses. Même si cette initiative a permis de rompre avec une vision politique managériale de la ville, les NTIC ne doivent pas être le seul outil au service de la participation et de la mobilisation citoyenne.
Pour conclure, surprenante par son emplacement géographique, son environnement naturel et la faible densité de sa population, Reykjavik est une métropole aux multiples paradoxes. Unique grande ville de l’Islande, rassemblant les deux tiers de la population et l’ensemble des fonctions du pays, elle a pour particularité de se hisser progressivement une place à l’international sans jamais renier son identité culturelle traditionnelle. S’adaptant à la modernité, forte de ses innovations, de ses ressources naturelles et de ses talents, elle reste pour autant la petite métropole insulaire aux 216 300 habitants (PopulationData, 2016), qui éteint les lumières de la ville pour admirer les aurores boréales la nuit (Le Monde, 2016).
*Ophélie Seuillot est étudiante en 3e année de sociologie à l’Université du Québec en Outaouais
Bibliographie
Muller, S. (2005). Les lieux à elfes de Reykjavik, objet paradoxal d’invention de la modernité. Géographie et cultures, n°55.
Doutreleau, V. (2003). Elfes et rapports à la nature en Islande. Ethnologie française (Vol. 33), p. 655-663.
Dupuy, G. (2003). Reykjavik à l’heure d’Internet : une métropole mondiale en miniature. Mappemonde, n°70.
Publications gouvernementales
City of Reykjavik. (2014). Reykjavik Municipal Plan 2010-2030.
France Diplomatie. (2016). Présentation de l’Islande.
OCDE. (2015). Examens environnementaux de l’OCDE : Islande 2014, Éditions OCDE.
Sénat. (2006). Islande : développement économique et protection de l’environnement, une symbiose réussie.
Trésor. (s.d). Islande.
OECD Better Life Index. (s.d). Islande.
UNESCO. (s.d). Réseau des villes créatives : Reykjavik.
Encyclopédies
Chabot, G. (s.d). Reykjavik sur Universalis.
Pages Web / Blogues
PopulationData. (mis à jour le 16.10.2016). Statistiques Islande. Repéré à
Courrier International. (2016, 10 octobre). Cesser le travail à 14h38 : la mobilisation très symbolique des Islandaises [Billet de blogue].
Paré, I. (2014, 26 février). L’Ouest s’intéresse aux trottoirs chauffés [Billet de blogue].Repéré à
Luciani, D. (2012, 11 septembre). Quand TIC rime avec « démocratic » et « participatic » [Billet de blogue].
Le Monde. (2016, 28 septembre). Reykjavik s’éteint pour mieux contempler les aurores boréales [Billet de blogue].
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